Petit bout de souvenir… Salazie !

Salazie  
Il était une fois,... Guillaume et son pépé !



Petit bout de souvenir de son voyage à la Réunion. Il avait 9 ans.
Il racontait, des années plus tard,...
 
Une rivière qui coulait entre deux montagnes.  
Plus il y pensait, plus le souvenir des lieux se précisait dans sa mémoire. L’île de la Réunion ! Un petit village, une maison adossée à même les hauts rochers. Un chemin sur lequel il marchait, sa petite main d’enfant de neuf ans dans une grande main brune, presque noire ; celle de René, son grand-père paternel qui le baladait chaque matin. C’était les vacances, sur l’île qui avait vu naître ses parents. Le long voyage en avion, épuisant certes, mais tellement excitant pour le petit garçon qu’il était ! Et puis l’arrivée sur cette île qu’il ne connaissait qu’aux travers des récits de son papa et de sa maman, lorsqu’ils parlaient de leur enfance. Tout était comme ils avaient dit : l’océan d’un bleu intense, la végétation luxuriante, les routes, les montagnes surplombant quasi directement les récifs et les plages, et les couleurs, les parfums ! Il y avait passé deux mois. Deux mois de découvertes, de la famille et de leur environnement, de leur mode de vie. Une vie bien plus calme et plus nonchalante que celle qu’il connaissait en France. Et il y avait « pépé » ! Ce vieux monsieur qui se tenait encore bien droit et qui faisait les cent pas dans son jardin, en attendant que son petit-fils soit prêt pour la virée dans son village : Salazie ! Un havre de paix aux creux des montagnes réunionnaises ! Tout y était admirable ! Les routes en serpentins infinis, les cascades vertigineuses, les cases créoles avec leur toit de tôles ondulées, les arbres, les fleurs et puis les champs, à perte de vue, de chouchous ; cucurbitacées qui poussent sur le moindre petit carré de terre avant de s’accrocher aux rochers pour se répandre en cascades vertes sur les flancs des remparts.
- Prêt ? demandait pépé en passant la tête dans l’encadrement de la fenêtre.
- Presque ! répondait maman en terminant de coiffer son fiston qui ne tenait plus en place.
Puis la main de pépé qui se refermait fermement sur la sienne pour l’entrainer vers la première boutique du village pour aller acheter le pain. Un rituel de tous les jours.
- Hier, je te l’ai dit mon petit Guillaume ! Aujourd’hui, pas de machine à sous dans la boutique ! Ce bouffe pièces n’aura pas les miennes aujourd’hui, c’est bien compris ?
- Oui pépé ! C’est un flipper !
- Quoi ?
- La machine à sous, c’est un flipper !
Mais à peine arrivés dans la boutique, pépé, voyant les yeux des habitués des lieux braqués sur lui et sur son petit-fils tout juste arrivé de France, de fierté et avec un sourire plein d’orgueil, plongeait sa main dans sa poche de pantalon et la ressortait pleine de pièces préparées à l’avance.
- Allez va ! Va jouer à la machine à sous ! Tu en meurs d’envie ! Mais c’est la dernière fois, hein ?
- Oui pépé, la dernière ! répondait-il, un sourire sur les lèvres, sûr de revivre le même scénario le lendemain et tous les jours jusqu’à la fin des vacances.
En peu de temps, il avait cerné son grand-père qui jouait le bourru sous son cœur tendre. Il l’aimait. Profondément !...


Aujourd'hui, là-haut dans le ciel, "pépé" ne se lasse sans doute pas de raconter ses montagnes à son petit-fils attentif aux moindres détails.

Marie Morel

Commentaires

  1. Merci pour ce partage tellement émouvant. Vous êtes une maman courageuse.

    Rose-Marie Rochez

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