Guillaume, mon fils !
Guillaume, mon fils !
Nous sommes aujourd'hui le onze juin deux-mille-vingt-cinq. Vingt et un an jour pour jour, après ta mort. Mon amour pour toi est
toujours aussi grand. Ma peine toujours aussi profonde. Seules mes larmes se
sont taries de t'avoir trop pleuré. Pour apaiser la souffrance de ton absence,
j'ai appris à te faire vivre à travers moi.
Tout ce que je fais, tu le fais avec moi.
Tout ce que je vois, tu le vois avec moi.
Où que j'aille, je t'emmène avec moi.
Tu es là.
Tu es toujours là.
Tu ne quittes jamais mes pensées.
Car il n'est pas de roses qui s'ouvrent
dans le jardin, sans que je ne pense à toi.
Il n'est pas de regards d'enfants que je
croise, sans que je ne pense à toi.
Il n'est pas de musiques que j'écoute,
sans que je ne pense à toi.
Il n'est pas de paysages que j'admire,
sans que je ne pense à toi.
Tu es là.
Tu es toujours là.
Souvent, ton
père et moi nous nous rendons au cimetière et nous fleurissons ta tombe. Gestes
dérisoires, mais dont nous avons terriblement besoin, car nous avons alors
l'impression de faire encore quelque chose pour toi. Même si nous savons, au
fond de nous, que ce n'est pas dans le cimetière que tu te trouves. Seul ton
corps y a été déposé. Toi, tu voyages dans le temps, à travers le monde. Tu ne
t'arrêtes que le temps d'envoyer un baiser d'ange à tous ceux que tu as connus,
que tu as aimés. En attendant d'entrer un jour dans ta ronde, nous continuons à
vivre tant bien que mal les années qui nous sont données. Mais sans faire de
grands projets. Nous avons appris avec ta mort, à vivre au jour le jour. A attraper au
vol, les joies qui nous sont offertes, à subir avec courage et patience, les
peines qui nous sont infligées. Car la vie tourne, bouge, change. Elle peut
basculer à tout moment. La leçon a été cruelle, mais elle a eu le mérite de
nous réveiller, nous qui croyions que dans la vie, tout est acquis.
Tes sœurs poursuivent leur route, doucement et
gentiment. Elles parlent
de toi à chaque fois que tu leur manques. Souvent ! Elle n'ont rien oublié de vos
jeux, de vos chamailleries. Elles ont quelquefois la même gestuelle que toi,
petits moments éphémères qui me ramènent à toi.
Je croise souvent certains de tes amis.
Ils viennent toujours vers moi, pour me saluer et prendre des nouvelles de ton
père, de tes sœurs. Lorsque je les vois, même de loin, la boule que j'ai dans
la gorge depuis ta mort se réveille et me fait mal. Horriblement mal ! Je ne
peux m'empêcher d'observer leurs moindres gestes, en me rappelant les tiens, le
moindre sourire sur leurs lèvres, en revoyant le tien. Quelques fois, ils me
racontent leurs vies. Moi, à ce moment-là, je ne peux qu'imaginer celle qui
aurait pu être la tienne aujourd'hui. J'ai pourtant plaisir à les rencontrer,
mais à chaque fois, une blessure jamais refermée dans mon cœur me brûle à
nouveau. Car ils sont là, bien vivants et avec des années de plus. Toi, tu n'es
plus et leurs années de plus se comptent, pour toi, en années en moins.
Lorsque ce médecin, dont je n'oublierai
jamais le visage, m'a annoncé ta mort, sur cette route pas loin de la maison,
j'ai été effondrée. J'étais persuadée que toute la vie allait s'arrêter avec
toi. Mais ce ne fut pas le cas. Le lendemain, le surlendemain et tous les
autres jours, tout a continué. Le jour se lève chaque matin. Les saisons se
succèdent avec, à chaque fois, autant de charme. Même si je souffre
terriblement de ne plus t'avoir chaque jour près de moi, j'arrive encore à
m'émerveiller devant un sourire d'enfant.
J'arrive encore à m'enivrer du parfum
envoûtant d'une rose.
J'arrive encore à rire juste pour rire.
Je vis.
Je vis pour toi.
Je vis pour penser à toi.
Je vis pour t'aimer, mon fils.
Ta maman
Marie Morel
RépondreSupprimerChère Mam'ange,
comme votre entretien avec votre Guillaume est beau et émouvant !
Et comme les meurtrissures de votre cœur de maman se transforment. Pas par l'usure du temps qui passe mais par tout l' immense travail que vous avez, envers et contre tout, accompli sur vous-même, votre blessure si profonde, votre souffrance atroce .
Vous êtes la DEFINITION PARFAITE de ce qu'est une MAMAN. Une maman désormais amputée de ce qu'elle a de plus cher.
Je suis béate d'admiration devant un tel parcours qui aura coûté 21 ans de votre vie. C'est énorme ! Vous l'avez fait !
J'aime que vous preniez votre Guillaume par la main pour l'emmener de partout, que vous l'entreteniez de ses sœurs, de son papa .
Vous avez tout juste et pouvoir redresser la tête pour ne plus se laisser happer par la douleur, l'apprivoiser, la tenir en respect est carrément héroïque .
Je vous souhaite de bien continuer à récupérer des forces pour poursuivre ce tracé prodigieux en y associant toute votre famille bien ressourcée et réformée autour de vous. Avec toute mon affection. ❤️
Que dire de ce commentaire plein d'éloges ! merci d'être là, merci de me lire, de m'encourager, de m'accompagner sur mon long chemin de deuil qui s'éclaire à chacun de vos mots, un peu plus. Je vous embrasse très fort.
SupprimerQue vous dire chère Maman si ce n'est que j'aurais pu écrire chaque mot que vous avez si bien formulé....que je les ressens au plus profond de mon âme, de mon corps, de ma mémoire....mon fils s'en est allé sur l'autre rive, il y a 4 ans et un mois brutalement, en faisant une chute dans un ridicule escalier. Il s'appelle Albert et il avait 28 ans....
RépondreSupprimerMerci pour vos mots, tout comme dans votre famille Albert a 2 grandes sœurs et nous continuons tous de le faire vivre à chaque instant de nos vies....Je suis intimement convaincu que lorsque mon tour arrivera, c'est lui qui sera là pour m'accueillir et ça sera un grand moment de bonheur et d'amour. Et tout comme vous en attendant je l'emmène partout avec moi....
Merci. Oui, c'est sûr, on les retrouvera. L'amour est et sera toujours là, intact.
SupprimerQue c'est beau. Une souffrance délicatement narrée. Une douleur inaltérable et immense.
RépondreSupprimerMerci.
SupprimerGuillaume, je ne te connais qu’en photo mais je sens au fond de moi que tu es un garçon merveilleux, plein de gentillesse… je le vois dans les yeux de ta maman quand elle parle de toi
RépondreSupprimerLe destin sournois t’a séparé de ta famille comme mon petit ange Olivier mais sache qu’il n’y a pas un seul jour où nous ne pensons pas à vous, vous êtes tous les jours dans nos pensées !!
Je vous embrasse toi et Olivier, plein de bisous volants à deux merveilleux petits anges partis beaucoup beaucoup trop tôt et de gros bisous à toi Daisy.
Oh comme c'est beau ce que tu lui écris ma chère Fabienne ! oui, il était merveilleux tout comme ton adorable fils Olivier. On leur envoie plein de bisous volants.
SupprimerLes années défilent mais le souvenir et l'absence ne s'effacent pas...j'ai eu l'immense bonheur de souffler mes 40 bougies il y a quelques mois, c'était l'occasion de ressortir quelques vieilles photos, je suis retombée sur le portrait plastifié que vous m'aviez offert, l'occasion de replonger dans les souvenirs....un moment rempli de joie et de tristesse parce que j'aurais tellement aimé que Guillaume soit présent.... Pas seulement ce jour-là... Je vous embrasse bien fort. Élodie
RépondreSupprimerElodie, quelle immense chance Guillaume a eu de t'avoir comme amie ! je t'embrasse fort.
SupprimerQuelle force dans vos mots! Tout est dit sur l'absence de son enfant ! Je suis votre "autre" Marie, vous exprimez avec un tel réalisme ce que je vis moi aussi. Merci madame et toutes mes plus tendres pensées pour vous.🙏💕
RépondreSupprimerQUEL MERVIELLEUX TEXTE ! Je vous remercie sincèrement de me prouver que j'ai raison de faire vivvre mon fils en moi à chaque instant et de ne pas oublier de vivre, chose qu'il aimait tant VIVRE !!!!! merci pour" je vis pour t'aimer" c'est d'une douceur incroyable............................ je vous envoie des calins
RépondreSupprimerMartine
Mon fils Anthony est né le 11 juin 1982 et hier il a eu 43 ans, mais 40 ans à tout jamais.... quand je lis votre texte sublime, je m’identifie à vous...tout ce que vous décrivez est tout à fait ce que je ressens...comme toutes les mam’anges, je suppose...depuis hier je replonge dans cette douleur, mais je sais que je dois faire face pour mon mari, ma grande fille qui pleure son petit frère et les deux filles de mon fils de 13 et 15 ans qui doivent elles aussi surmonter cette épreuve, et je dois être là pour ma famille...je vous remercie pour vos mots ...courage à vous...immenses douces pensées pour votre Guillaume pour mon Anthony et tous les autres..💔💔
RépondreSupprimerMerci pour votre message. Je comprends votre tristesse. Pensées pour votre fils, pour vous aussi car il en faut de la force pour continuer malgré tout.
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